LE VOCABULAIRE DU CHASSEUR AUX CHIENS COURANTS
Lexique général des termes de chasse à l’attention des juges et concurrents des épreuves aux chiens courants ; aux passionnés de ce sport. Très souvent, nous jeunes et moins jeunes pratiquants de la chasse aux chiens courants croyons parler de la même chose et du nord au sud de la France les termes utilisés ne concernent pas toujours la même chose. Des incompréhensions s’installent .Ce lexique est un pas vers une compréhension commune et des échanges constructifs, en parlant la même langue.
Si le tennis, la voile ou le football ont leurs termes techniques souvent empruntés à la langue anglo-saxonne, la Chasse, surtout la Chasse aux Chiens Courants possède son propre vocabulaire, dans notre langue puisque notre pays est le berceau de ce mode de chasse. Hérités de la vénerie, ces termes traduisent, avec précision, les attitudes et les comportements des chiens ou de l'animal de chasse. Pour cette raison, nous nous devons de les employer et donc d'en bien connaître le sens.
Eymard Jean-Louis (Edité et réalisé en collaboration avec la FACCC)
Appuyer
"Appuyer les chiens", c'est les encourager, la discrétion reste tout de même de rigueur.
Abois
Se dit de l'animal qui est cerné par la meute. Le terme est couramment employé dans la vénerie du cerf. Pour le sanglier, on parle plus volontiers de ferme. Etre aux abois (gibier). Tenir un animal aux abois (chiens)
Ameuter
Réunir un ensemble de chiens capables de chasser ensemble. Faire ameuter, est souvent employé lorsque la meute a tendance à se diviser ou à s'éparpiller. Les chiens chassent ameutés, lorsque chaque individu de la meute apporte un travail spécifique et complémentaire tout en préservant l'homogénéité de la meute. On dit également que les chiens chassent ameutés, lorsqu'ils chassent en paquet. On dit alors qu'ils chassent dans un mouchoir.
Arrières
Faire les arrières, consiste, sur un défaut, à revenir en arrière de l'endroit où les chiens ont perdu la voie de l'animal de chasse afin que ceux-ci retrouvent sa trace. Couramment, sur un laisser courre (chasse aux chiens courants), on fait d'abord les devants avant de rechercher le défaut sur les arrières.
Faire les devants ou prendre les devants, consiste à rechercher la voie de l'animal en avant de l'endroit où les chiens sont tombés en défaut.
Etre en défaut ou tomber en défaut, se dit d'un chien ou d'une meute qui a perdu la voie de l'animal de chasse ou lorsqu'il y a rupture ou arrêt de la poursuite de l'animal. On dit également défaut relevé ou non relevé, lorsque les chiens parviennent ou non à retrouver la trace (voie) de l'animal et à le faire repartir.
Attaquer
Attaquer un animal, c'est découpler les chiens courants sur la voie de l'animal de chasse. C'est le lancer, le mettre debout. On dit plutôt attaquer un cerf ou un sanglier, mais lancer un lièvre. Trouver une attaque, c'est retrouver un endroit susceptible de permettre de découpler des chiens courants sur la voie de l'animal de chasse.
Balancer
Il s'agit d'un défaut de courte durée au cours duquel les chiens marquent une hésitation. Ce terme vient également du mouvement que les chiens et la meute font: c'est à dire que pour retrouver la voie, ils oscillent de droite à gauche comme le ferait le balancier d'une horloge. Ils balancent.
Battre
On dit qu'un animal se fait battre dans un taillis, un bois ou une enceinte quelconque lorsqu'il tourne et se fait chasser longtemps dans ce couvert et refuse d'en sortir.
Billebaude
Chasser à la billebaude, c'est chasser sans plan précis, au gré de son inspiration. Le lièvre est chassé le plus souvent à la billebaude. Des chasseurs aux chiens d'arrêt chassent à la billebaude. C'est également chasser devant soi. Les grands animaux nécessitent le plus souvent une préparation préalable à la chasse. Au sanglier par exemple, on fait le pied, c'est à dire que l'on repère avec les chiens, après les avoir rapprochés, l'endroit plus ou moins précis où les sangliers sont baugés (couchés) et l'on met en place un plan d'attaque avant de découpler des chiens.
Buisson creux
Faire buisson creux, c'est tout simplement rentrer bredouille de la chasse. Ne pas avoir lancé, en ce qui concerne la vénerie.
Change
Un change, on appelle change, tout animal de la même espèce que celui que l'on chasse et qui se trouve dans le voisinage de la voie chassée. Le change peut bondir devant les chiens. Ceux-ci doivent rester sages et ne pas changer d'animal. Le chien qui "garde le change" est celui qui garde toujours la voie de l'animal qu'il a lancé. On dit alors qu'il est de change. Le chien qui prend le change, est celui qui va chasser un autre animal de la même espèce que celui qu'il a lancé. Certains animaux de chasse cherchent le change. II s'agit d'une ruse. L'animal de chasse va essayer de mettre un de ses congénères debout afin de le faire chasser par la meute. Cerfs et chevreuils sont coutumiers du fait.
Cogneur
On oppose couramment les cogneurs aux hurleurs. Le cogneur est le chien qui crie de manière brève, par intervalles, sur le même ton, comme le beagle par exemple. Le hurleur, c'est le chien courant qui crie de manière forte et prolongée, comme le grand bleu de Gascogne par exemple.
Contre
Faire le contre, prendre le contre. II s'agit du chien qui prend la voie dans le sens inverse de la fuite de l'animal. Un contre peut se produire sur un rapproché ou sur une menée. Au lièvre ou au chevreuil, il faut être prudent pour juger d'un contre. Ces deux animaux sont coutumiers du fait de doubler leurs voies, donc de retour en arrière.
Créancer
C'est le fait de spécialiser le chien courant dans la voie d'un seul animal. Un chien est créancé au lièvre lorsqu'il refuse tous les autres animaux de chasse. Au sanglier, par exemple, il en va de même. Un chien est créancé lorsqu'il va refuser de chasser tout autre animal que le sanglier. Cette qualité du chien est très rarement acquise à la naissance et nécessite un travail assidu et rigoureux des conducteurs. Je dis que les conducteurs doivent eux-mêmes être créancés avant de vouloir avoir des chiens créancés. Je veux dire par là, qu'un chien ne pourrait pas comprendre qu'un jour il puisse chasser tel animal et surtout pas un autre et qu'un jour se soit l'inverse.
Crier
Le chien courant en action de chasse donne de la voie, crie ou se récrie sur la voie d'un animal, mais il n'aboie pas. Il est plus ou moins gorgé, en fonction du timbre de sa voix.
Débucher (le)
C'est le fait de l'animal de chasse qui parfois, après s'être fait battre dans un bois, un taillis ou une enceinte, va quitter ce couvert pour prendre un endroit dégagé (prairie, plaine ...) alors l'animal débuche. Débucher un animal, c'est le faire sortir de l'enceinte.
Découpler
Il s'agit de détacher, séparer des chiens couplés, libérer les chiens de leur couple. Cette expression vient de la vénerie. Les chiens étaient couplés à la sortie du chenil, c'est-à-dire attachés deux à deux jusqu'au point d'attaque où ils étaient alors libérés de leurs attaches, et donc mis à la voie de l'animal de chasse. L'expression s'est élargie au fait de mettre les chiens à la voie d'un animal. On parle également du lièvre de découpler, c'est-à-dire de l'endroit, par exemple pour le lièvre, où l'on va autoriser les chiens à se mettre en action de chasse. Cette action ne se fait pas dans la pagaille, ni dans les cris. C'est une action qui se fait, pour tout le gibier, dans le calme et selon les circonstances, de manière plus ou moins codifiée et ordonnée.
Dépêchant
C'est souvent le contraire du chien laborieux (méticuleux qui va étudier chaque molécule afin de l'analyser et se récrier). Le chien dépêchant analyse vite. C'est un chien qui ne traîne pas sur la voie de l'animal de chasse.
Dérober
Le dérober ou se dérober, se dit d'un animal qui va quitter son gîte, sa bauge, sa reposée, avant l'arrivée des chiens. Sur un animal qui se dérobe, il va s'ensuivre un lancer peu explosif, l'animal ayant pris de l'avance, les chiens vont le chasser en forlonger et éventuellement pourront le relancer et ainsi donner un plus grand rythme à la chasse.
Doubler sa voie
L'animal chassé double sa voie lorsqu'il retourne sur ses pas, donc sur la voie qu'il a déjà empruntée, afin de mettre les chiens en défaut. En vénerie, on emploie également le terme de "hourvari" pour désigner une double. Lièvres et chevreuils sont coutumiers de cette ruse.
Empaumer
Une meute empaume la voie d'un animal lorsqu'elle se lance résolument et sans hésitation sur cette voie. En la prenant les chiens crient tous avec ardeur.
Ferme
Etre au ferme. Attitude de l'animal de chasse qui tient tête aux chiens. Les chiens tiennent le ferme, lorsqu'ils donnent de la voix et encerclent l'animal pour le faire repartir. Le ferme en action de chasse peut être jugé comme un "défaut", dans la mesure où il y a rupture de la poursuite. Au sanglier, par exemple, la meute doit être suffisamment entreprenante et courageuse pour faire repartir le sanglier. La poursuite peut continuer. Le défaut est relevé.
Fin de nez
Chien doté d'un excellent odorat
Forlonger
L'animal "se forlonge" lorsque grâce à sa vitesse, il prend de l'avance sur les chiens. Derrière lui les chiens vont chasser "en forlonger". Il s'agit alors d'une phase de la menée où les chiens vont chasser à un train modéré, mais avec beaucoup d'application l'animal de chasse sur lequel ils ont beaucoup de retard.
Lancer
C'est mettre debout un animal, le lever, le faire partir. Parfois, le lancer se caractérise par l'explosion de joie des chiens, qui en présence de l'animal tout proche vont se récrier de plus belle dans une véritable explosion. Parfois, l'animal aura quitté sa "reposée" avant l'arrivée des chiens qui le chasseront au moins un temps de manière moins spectaculaire.
Limier
Chien courant d'une grande sûreté de nez, dont on se sert pour rechercher et localiser l'animal de chasse avant l'attaque (cerf, sanglier).
Lot
Meute de chiens courants engagée dans une épreuve.
Maintenir
Les chiens maintiennent leur animal lorsqu'ils chassent tant bien que mal, mais avec persévérance, au milieu des difficultés.
Mettre debout
Lancer, attaquer, faire partir l'animal de chasse.
Menée (la)
C’est la poursuite de l'animal de chasse par la meute.
Menteur
Chien courant à faux, qui crie sans avoir connaissance de la voie.
Parti
L'animal prend un parti : l'animal prend une direction au cours de la chasse.
Prendre un grand parti : prendre une direction qui éloigne énormément l'animal de chasse du point de lancer.
Perçant
Un chien a du perçant lorsqu'il est très ardent et que par exemple sur les défauts il va rechercher la voie au devant.
Quêter
Action de chasse aux chiens courants qui consiste pour le chien ou la meute à rechercher des voies ou l'animal lui même.
Requérant
Chien très entreprenant dans sa quête. C'est un chien qui, à bout de voie, va de lui-même faire les avants et les arrières.
Rallier
Rallier les chiens : leur faire rejoindre la menée (poursuite) ou le cas échéant on leur fait rejoindre le chien de tête ou les chiens de tête qui sont sur la bonne voie. La nécessité de faire rallier s'impose lorsque la meute se divise lors d'un défaut, d'un change ou tout simplement lorsque certains chiens ont décroché de la menée. Les conducteurs essaient alors de reconstituer l'homogénéité de la meute afin qu'elle soit plus efficace. Un célèbre veneur disait que pour qu'une meute soit efficace il fallait lui couper la tête et la queue. Il voulait dire par là qu'il faut, lorsque l'on chasse en meute, arriver à composer un "paquet" de chiens le plus complémentaire et homogène possible.
Rapprocher
Travail des chiens qui vont se récrier sur une voie de nuit ou suffisamment ancienne qui conduit l'animal de chasse jusqu’à sa couche (gîte, bauge, etc.). Au lièvre par exemple: le matin les chiens se récrient sur les voies que le lièvre a laissé alors qu'il recherchait sa nourriture dans les prairies, puis sur la voie qu'il a emprunté pour aller se gîter (se coucher) au matin. Les chiens suivent cette voie et vont lancer le lièvre.
Redresser
Sur un défaut ou un lancer, les chiens relèvent le défaut. Ils vont retrouver la voie. Dans l'image du balancer où les chiens vont de gauche à droite dans un mouvement de balancier, les chiens redressent la voie lorsqu'ils retrouvent la voie de l'animal. A ce moment-là, leur course ne va plus balancer, mais devenir rectiligne.
Sentiment
Odeur laissée par tout animal sur son passage et qui indique sa présence plus ou moins rapprochée. On dit également en fin de chasse (sur certains animaux) et également lors de certaines circonstances: peur, stress, que le lièvre, mais également le chevreuil, retiennent leur sentiment (odeur) c'est à dire que sur une certaine distance, ils ne laissent plus d'odeur.
Suraller
Attitude du chien qui passe sur la voie sans la marquer. Des voies peuvent également être surallées par le passage d'autres animaux ou personnes: c'est à dire qu'elles ont été croisées ou suivies par ces passages ce qui complique alors le travail des chiens.
Taper
Se taper : se raser, s'aplatir contre le sol (pour un animal de chasse). Taper au change : rencontrer un change.
Vénerie
Art de chasser aux chiens courants. Petite vénerie: chasse aux chiens courants du lièvre, lapin, renard. Grande vénerie: chasse aux chiens courants des grands animaux: cerf, chevreuil, sanglier.
Voie
Odeur ou sentiment que l'animal laisse sur son passage. C'est également le chemin suivi par l'animal. Une voie peut être froide, légère ou chaude.
Etre voie unique: être spécialisé dans la chasse d'un seul gibier.
Etre à bout de voie: être en défaut.
Etre dans la voie: un chien bien dans la voie de tel ou tel animal chasse de préférence cet animal à tout autre.
Volcelest
Empreinte du pied laissé par l'animal de chasse sur le sol. Vient du vieux français vois ce l'est : vois c'est lui. Par extension, on parle de volcelest.
Voleur
Chien qui emmène une voie sans se récrier.
Vue
Chasser à vue : poursuivre un animal en le voyant.
La vue : fait de voir l'animal de chasse.
Dans la chasse du lièvre, il est courant de dire sur un lancer ou relancer à vue : "lièvre vu, lièvre perdu" ...
En réalité, le fait que les chiens voient le lièvre occasionne fréquemment un défaut. Les chiens, lors de cette poursuite, ne se servent que de la vue et non de l'odorat. Une fois le lièvre, dont la voie est légère, hors de leur champ de vision, les chiens vont mettre un certain temps pour avoir connaissance de la voie et la reprendre. De plus, l'animal stressé va avoir tendance à retenir son sentiment ce qui risque de compliquer un peu la tâche des chiens.
Cette liste n’est surement pas exhaustive, merci de votre aide pour la compléter.